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Etymologie du mot ouragan

Ouragan. n.m. (1640; houragan, 1609; huracan, uracan, XVème; d'une langue des Antilles, par l'esp.): Forte tempête caractérisée par un vent très violent, et spécialt. par un vent cyclonal.

Le Petit Robert, Dictionnaire de la langue Française.

 

Aussi loin que l’on remonte dans le temps, les effets ravageurs des cyclones tropicaux ont été ressentis par les sociétés humaines, et ce d’autant plus que celles-ci tournaient leur activité vers les océans soumis à ces catastrophes naturelles. Le terme même d’ouragan, utilisé dans l’Atlantique nord et le Pacifique nord-est, aurait été donné par les explorateurs espagnols, qui l’auraient emprunté au langage des Indiens Tainos, pour qui huracan qualifiait un esprit démoniaque. Ceux-ci l’auraient eux-mêmes emprunté aux Mayas, chez qui Huraken était le dieu des tempêtes. Kerry Emanuel (2005), dans son superbe livre dédié aux cyclones, Divine Wind, raconte la légende Taino, selon laquelle la naissance de ces vents serait due à la jalousie du dieu Guacar envers son frère Yucaju qui avait créé le Soleil et la Lune. Celui qui devait par la suite se faire appeler Jurakan, le dieu de la destruction, créa donc des vents puissants pour déchirer la Terre. Emanuel rapporte également que les Tainos pourraient avoir découvert le caractère rotationnel des ouragans bien avant que des moyens autres que visuels soient mis en oeuvre pour le prouver. Toujours est-il que des figurations du dieu Huracan le représentent sous la forme d’un tourbillon.

(Des cyclones et des hommes, Chauvin F. et Royer J.F., La Météorologie, n° 61, mai 2008)

 

S'il est vrai que hurricane (en anglais) viendrait de Hurakan, dieu des tempêtes aux Amériques pré-colombiennes, le mot ouragan (en français) aurait une autre étymologie et serait d'origine créole-africaine importé par la traite négrière aux Antilles (Issues en grande majorité des descendants des déportés Africains par la traite négrière transatlantique, qui débuta au 17ème siècle et s'acheva vers le milieu du 19ème, les populations de certaines îles de cette région ont en commun le créole comme langue maternelle, qui présente peu de nuances d'un pays à l'autre). En effet:

 

« Aux termes de Morié, Obba-Kouso serait né à Ifé, localité que notre auteur ignore parfaitement.  Paré du titre de « premier-né du Dieu suprême », il est issu des amours incestueuses d’Orougan, dieu du Midi, et de Yemadja, mère d’Orougan, elle-même sœur d’Agandjou, dieu de l’Espace. Chango-Obba-Kouso a pour frères : Dada, dieu de la Nature et Ogoun, dieu des chasseurs et des forgerons. Il épouse trois femmes : Oya, Osoun et Oba.  Il est assez évident que Orougan et Yemadja évoquent le couple incestueux Ammon (Kham), Mout, leur fils ayant au demeurant le surnom de roi de Koush, qu’Osoun évoque Asoun femme de Toubboum-Set-Typhon épousée ensuite par Hor, fils de Misraïm-Osiris et que Dada évoque le Dédan fils de Koush selon une version, de Reama fils de Koush selon une autre, avec une incertitude que la Bible a encore aggravée. Enfin, pour les Ethiopiens, Koush a bien eu aussi trois épouses,  lesquelles étaient ses sœurs.

[…]

Ifé , la ville dont Morié tire le nom des textes coptes sans savoir que c'est la ville sacerdotale de la Nigéria, montre la connexion intime de l'histoire égyptienne et de celle de l'Afrique Noire. Orougan, dieu du Midi, fait songer à l'étymologie d'Ouragan, mot d'origine antillaise, donc vraisemblablement africaine, introduit aux Antilles par le Vodou. Yakouta, dieu de la Destruction fait penser à un mot valaf : Iakhou, signifiant destruction.

[…]

Les égyptiens eux-mêmes, si on leur accorde qu'ils étaient mieux placés que quiconque pour parler de leurs origines, reconnaissaient sans ambiguïté que leurs ancêtres venaient de Nubie et du coeur de l'Afrique. […] D'autres faits, telles que les tornades et les pluies torrentielles dont il est fait mention dans la pyramide d'Oumas, font penser aux tropiques, au coeur de l'Afrique.

 

(Nations Nègres et Culture, Diop Cheikh Anta,  Présence Africaine, 4ème édition, février 2003, p. 224-227 ) 

 

Les deux étymologies ne sont pas incompatibles: d'une part, le mélange ethnique et culturel des populations déportées d'Afrique et les autochtones des Amériques, s'est fait bon gré mal gré [ l'exemple des Garifunas issus du métissage entre les Amérindiens et les Africains rescapés de bateaux négriers naufragés, qui échappèrent aux expéditions coloniales française et anglaise sur l'île de Saint-Vincent ce, de 1635 à 1797, n'est pas unique dans l'histoire de la Caraïbe (Quand la Révolution aux Amériques était Nègre, Nicolas Rey, édition Karthala, 2008) ] ; d'autre part, des relations maritimes auraient existé entre les peuples amérindiens et africains durant la période précolombienne. C'est ainsi que le maïs, le manioc, plantes d'origine américaine, se seraient retrouvées en terre africaine bien avant la colonisation occidentale (L’Afrique Noire précoloniale, C.A. Diop, Présence Africaine, 1987). Un vocabulaire commun, même succinct, a pu être élaboré entre les marins des deux bords de l'Atlantique, pour désigner en tout cas, les dangers liés aux passages de tempêtes tropicales sur le chemin des navigateurs. La période dangereuse pour tenter une traversée transatlantique (probablement favorisée par les courants marins tel que le Gulf Stream) correspondrait, à notre époque, à la saison de l'hivernage, débutant en juin et s'achevant en novembre: le temps des ouragans (N. Michalon in ANKH n°14-15 , 2005 - 2006).

 

L'analyse étymologique du mot ouragan complète donc celle proposée par les dictionnaires de référence de la langue Française.

 

 

N. Michalon

 

 

Trace du Lac Méga-Tchad

(vue de LANDSAT 8)

Principaux courants marins de surface